Saint Médard, grand pissard,
Fait boire le pauvre comme le richard
Dans les années 500 de notre ère, un manant se lamentait au bord du chemin : son vieil âne venait de mourir. Qu’allait-il devenir privé de son compagnon de travail ?
Un jeune garçon d’une dizaine d’années environ qui chevauchait un puissant destrier, mit pied à terre et offrit sa monture au pauvre homme, puis regagna à pied le château de son père. Furieux de savoir un de ses meilleurs chevaux dans les mains d’un vilain, le seigneur Nector envoya ses gens récupérer la bête. La pluie se mit alors à tomber si dru qu’il fut impossible à quiconque de mettre le nez dehors.
Le jeune Médard venait d’accomplir le premier des miracles pluvieux qui devaient faire sa réputation.
Plus tard, devenu prieur d’une petite abbaye de campagne, Médard volontiers distrait, oubliait souvent de fermer portes et fenêtres. Aussi tous les chapardeurs du pays ne se gênaient-ils pas pour en profiter et lui voler ses œufs, son miel et les fruits du verger. Aussi généreux qu’étourdi, il ne songeait jamais à les punir au grand dam de ses frères.
Médard aimait par-dessus tout faire de longues marches dans la campagne, et, dès qu’il le pouvait, quand il avait accompli toutes ses tâches, il parcourait le pays alentour souvent accompagné de quelques moines amis.
Par un beau jour de juin, au ciel bleu sans nuage, dans le parfum des roses enlacées aux branches des arbres fruitiers, Médard quitta ses vergers et accompagné de deux frères, partit pour un longue promenade à travers les champs et les bois. Ils avaient emmené une collation de pain et de fromage car ils ne pensaient pas rentrer avant le soir.
Les trois moines devisaient joyeusement et la conversation était si passionnante qu’ils ne mesuraient pas le chemin parcouru.
Ils arrivèrent ainsi au pied d’une colline du sommet de laquelle ils auraient pensaient-ils une vue superbe sur les terres de l’abbaye et le pays environnant. Ils entamèrent joyeusement l’escalade.
Arrivés dans un bosquet de pins proche du sommet, ils ressentirent les premières gouttes d’une averse que rien ne laissait présager. A travers les branches, ils aperçurent la plaine où un violent orage venait d’éclater. Poussés par un vent violent, les lourds nuages plombés venaient droit sur eux accompagnés de roulements de tonnerre et zébrés d’éclairs incandescents. Voyant le feu du ciel près de s’abattre sur eux, les compagnons de Médard, pris de panique, dévalent en courant la colline pour aller chercher refuge dans leur cher couvent.
Médard, lui, fasciné par la beauté du spectacle offert par le ciel, écoutait la symphonie du vent dans les feuilles, du crépitement de la pluie sur le sol, accompagnés de la grosse caisse qui tonnait au-dessus des nuages. Son cœur enfin rassasié de tant de beauté, il songea à rejoindre ses frères et sans hâte, pris le chemin qui descendait vers la plaine.
Les trombes d’eau avaient formé des torrents de chaque côté du sentier ; les feuilles ruisselaient secouées par le vent, Médard cheminait semblant ne s’apercevoir de rien.
Il retrouva devant la porte du couvent ses deux frères trempés jusqu’aux os. Leurs yeux écarquillés suivaient vers le ciel la direction que montraient leurs index tremblants.Que voyaient-ils qui les frappait à ce point de stupeur ?
Médard, sa robe de bure complètement sèche, était survolé par un aigle aux ailes immenses déployées au-dessus de sa tête. Le grand oiseau l’avait abrité tout le long du chemin, et préservé de l’orage qui, d’ailleurs, cessa bientôt.
Médard ému tendit au rapace son poing sur lequel il vint se percher, et pour le remercier de sa sollicitude lui donna le pain et le fromage auquel il n’avait pas touché. Depuis ce jour, Médard partit pour ses randonnées sans jamais songer à se prémunir contre les intempéries.
A la moindre goutte d’eau, l’aigle prenait son envol et étendait ses ailes au-dessus de Médard qui cheminait ainsi toujours à l’abri.
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