Limitée par les ronciers et les chênes, la chambre des Roches domine l'ensemble du relief. Elle résulte d'une soustraction et non d'un ajout. Pour obtenir la cascade de granit traversée par le sfilons de quartz et disposés en gradins, il a fallu creuser, déplacer l'arène en contrebas, gratter et dégager la surface minérale jusque dans les anfractuosités de la roche mère. D'un point de vue agricole, le pire: un non-sol, un squelette sur lequel s'agrippent d'inexploitables espèces. D'un point de vue du jardin, le plus intrigant: un territoire expérimental d'accueil à une diversité frugale, capable de vivre en substrat quasi stérile où la concurrence des espèces gourmandes n'est pas à craindre. La chambre des Roches, la plus longue à construire, la plus pauvre et la plus sèche, se couvre de mousses et de lichens. Ca et là surgissent les stipes-cheveux d'ange, les fétuques emmêlées, quelques oeillets des montagnes, une androsace claire, un genêt rampant et, profitant d'une fissure, un romneya à feuillage glauque offrant quelques rares fleurs de pavot blanc à coeur jaune de la taille exacte d'un oeuf au plat.
Nous y improvisons des apéritifs. on s'installe alors sur les reliefs de la roche devenus gradins. La vanesse Atalante, un papillon aux couleurs éclatantes, s'y pose régulièrement, sans doute attiré par les sucs des fumets de martre imprégnés à la roche.
Gilles CLEMENT - Le Salon des Berces
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