Il y avait une maison d’habitation antique et délabrée, mais qui me semblait admirable, à cause du grand lierre et des moineaux nichés dans les trous ; à côté, un jardin tout petit, mais commode ; plus loin, un verger, peuplé de vieux arbres, sous lesquels mon père et mes oncles ont mené paître, tout à tour, l’unique vache de la famille. Ajoutez à cela un petit carré de pommes de terre, une vigne, enfin une chènevière où l’on admirait le roi des cerisiers, dont les fruits mûrs me transportaient au septième ciel. Du plus loin qu’il m’en souvienne, je vois mon grand-père et ma grand’mère, levés avant le jour, cheminant chacun de son côté, vers une besogne ou une autre. C’est grand’maman qui faisait le pain et la cuisine ; elle filait, cousait, tricotait, lavait et repassait avec la dextérité d’une fée. Et il faut croire que le bonhomme de grand-père n’était pas maladroit non plus, car pour fabriquer une échelle, réparer une tonne ou un cuveau, ajuster une vitre, il ne s’adressait qu’à lui-même. Ils étaient donc à l’aise sans argent, leur superflu s’écoulait chez mes oncles et chez mon père, en paniers de fruits, en rayons de miel ou en fromages salés, et jamais un mendiant ne frappait à leur porte sans recevoir un morceau de pain.
1 commentaire:
J'aime ces histoires qui laisse un
peu de mélancolie au fond du coeur.
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