Si glaneuse, en mai ou en juin, il t’arrive de hanter ruine, friches
ou terrains vagues, il se peut que tu remarques une sorte de fumée sortant de
terre ; ce sont les feuilles grises et brumeuses du fumeterre ;
ainsi le nomma Olivier de Serres en
raison de son apparence et aussi de son suc qui comme la fumée fait larmoyer.
Ce qui lui vaut son nom plus populaire d’Herbe à la Veuve car im fait-dit-on
pleurer les yeux les plus secs.
Il peut aussi tirer des larmes aux jeunes filles réputées légères
car la tradition veut qu’on en accroche un bouquet à leur fenêtre, annonçant dès
lors qu’il n’y a « pas de fumée sans feu »!
Dioscoride au premier siècle et
Gallien au second ainsi que nombre de leurs collègues « anciens »
proclament à l’unisson que le fumeterre est une bénédiction. Ils en usaient
pour soigner les foies fatigués et les voies digestives encombrées.
Le fumeterre diurétique, dépuratif, apéritif et tonique, élimine les
toxines ; en utilisation externe il combat dartres et eczémas ; en bain
oculaire il calme la conjonctivite et éclaircit la vue. Et mieux encore, tout comme l’angélique et le frêne il permet de vivre
cent ans et plus.
Une de ses propriété curieuse et pas forcément utile était ,
affirmait Pline l’ancien ( dont on se
demande pourquoi il les épilait) d’empêcher les cils de repousser.
Alors que les médecins arabes Avicenne et Mésué en faisaient grand cas,
ceux du Moyen-Âge l’avaient mise à l’écart. Mais le fumeterre pour faire
honneur à son patronyme n’attendit certain Matthiole, la Renaissance
et la remise à l’honneur des civilisations antiques pour
renaître, lui aussi , de ses cendres.
Ce tonique s’utilise en usage interne comme externe :
On fait infuser 50gr de plante entière sèche dans 1l. d’eau bouillante pendant 15mn. On
filtre et l’on consomme à raison de 2 à 3 tasses par jour avant les
repas pendant 10 jours. Au-delà des 10 jours les avis divergent ; soit elle devient
calmante et sédative et ferait même perdre du poids ; soit ses effets inversés deviendraient toxiques .
Attention, le fumeterre est particulièrement amer
et l’on peut
préférer ce sirop :
Après avoir récolté la plante entière
en période de floraison, on la fait sécher en petits bouquets.
On prépare ensuite une décoction
de 60gr de plante sèche dans 1l d’eau ; on fait bouillir à feu doux
pendant ½ heure et on filtre. On ajoute
800gr de sucre qu’on fait dissoudre dans un bouillon. Il ne reste plus qu’à
filtrer et mettre en bouteilles hermétiques à conserver au frigo après
ouverture .