L’un des nombreux malheurs de la jeune Sophie, l’héroïne éponyme de la
Comtesse de Ségur, fut d’avoir risqué la noyade pour sauver des bébés hérissons
que Nicaise, le méchant garde-chasse avait jetés dans la mare du château de Fleurville.
Nicaise n’était pas méchant. Pour lui, le hérisson était un nuisible
dont il fallait se débarrasser. Il ne faisait que perpétuer une ancienne
croyance dont nous parle Michel Pastoureau dans le « Bestiaire du Moyen
Âge ». Vers 1300-1320, le hérisson n’était pas le gentil animal des albums
pour enfants, mais un voleur « avaricieux » qui profitait de la nuit
pour s’emparer des pommes et des raisins sur lesquels il se roulait et qu’il
embrochait sur ses piquants pour les transporter dans son repaire. La seule
vérité est que le hérisson est un animal nocturne. D’ailleurs il est inquiétant
d’en rencontrer dans la journée ; cela signifie qu’il n’est pas bien
portant.
Il est l’ami de nos jardins puisqu’il se nourrit des prédateurs de nos
fraises et de nos salades. Soyons accueillants pour le gentil hérisson. Quand
nous taillons arbres et arbustes, ne ramassons pas soigneusement le bois tombé,
laissons au contraire de petit tas dans lesquels le hérisson aime à faire sa
demeure. Des pierres entassées peuvent également le tenter. On peut et même on
doit en cas de grosse chaleur lui offrir des abreuvoirs à sa taille, mais
remplis d’eau et d’eau seulement. Ne lui donnez pas à manger non plus sauf
exception et après avoir pris les conseils d’un spécialiste.
J’en profite pour dire qu’il ne faut en aucun cas nourrir des animaux
dont on n’a pas a garde. Certes c’est amusant d’offrir des croûtons aux poneys,
aux ânes ou aux moutons qu’on rencontre. Mais les animaux ne sont pas des
jouets ; ils ne sont pas là pour amuser les enfants. Des gens en ont la
garde qui savent les soigner et sauf exception ils n’ont nul besoin de votre
sollicitude. On ne donne rien a manger à des animaux dont on n’a pas la
responsabilité au risque de les rendre malades.
Revenons à nos hérissons, qui sont en grand danger de disparition.
Comme pour les oiseaux, l’agriculture et ses insecticides les privent de
nourriture. La route également leur est fatale ; le hérisson la nuit,
terrifié par les phares des voitures se roule en boule où il se trouve et
l’automobiliste trop pressé ou indifférent le blesse à mort quand il ne lui
roule pas dessus.
Protégeons les hérissons et leur environnement. Laissons nos jardins
s’ensauvager. Ne cherchons pas à rivaliser avec Versailles ou Villandry, c’est
mission impossible. Oublions, désherbants, insecticides et engrais chimiques et
usons avec reconnaissance et simplicité de la générosité de ce que nous offre
la Nature et son compagnon le Hasard.
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