"Entre les quatre tiges divergentes d'un rejet de mimosa, à même l'herbe courte, deux rossignols de muraille avaient calé leur coupe de brindilles tressées. Presque pas d'ombre sur le nid, aucune protection contre le chat errant, la martre, le rapace. Trois oisillons, le bec large, déjà emplumés, l'oeil encore tendre et saillant, se tenaient immobiles sous notre regard, et le couple des parents émus échangeaient dans les basses branches un cri court suivi d'un petit "crrr" de rainette...
-S'ils sont jolis! admira ma gardienne.
Elle se pencha, porta hardiment une main caressante sur les oiseaux sauvages...
-Il ne faut pas y toucher, surtout!
-Et pourquoi donc? Té, je vais les garder tant soit peu du soleil...
Elle brassa une poignée de foin sec, la posa sur le nid, ménagea un passage pour les parents.

Pendant quelques jours, j'allais épier le nid et la vigilance des rossignols. Mais, doutant de moi, je ne m'approchais pas trop. Du moins, mon immobilité rassurait d'autres créatures, les très petits, les innombrables, les mal connus, le grand capricorne en vois noir sculpté comme un bijou de deuil, le bousier absorbé dans sa besogne de Sisyphe, la tarente bossue, et les crapauds bruns, si petits qu'ils ne me voyaient pas, aveuglés par mon évidence même.

Cette verte feuille, entre lui et moi, c'est la barrière, refermée, du Paradis terrestre...
COLETTE
1 commentaire:
Ce sont des oiseaux qui ont élu domicile chez toi ? J'avais envie de mettre une mangeoire dans mon petit jardin, pour voir s'ils viennent plus près... La semaine dernière, j'ai vu sur le muret derrière mon bureau, ce qui me semble être (d'après mes bouquins !) une mésange charbonnière. J'admire...
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