A qui l'on dit aussi Amanite Rubescente, histoire de pas causer patois et d'avoir l'air un peu scientifique.
En voici une envers laquelle on doit se montrer circonspect. C'est un excellent champignon comestible, à la saveur délicate, mais qui n'en porte pas moins un nom redoutable, et qui peut, si l'on est distrait, se confondre avec la redoutable "Panthère"..
(golmotte à gauche - panthère à droite)
J'ai fait connaissance de la golmotte il y a bien longtemps à Verzy en Champagne. Elle y prospérait aux pieds de ces arbres aux formes magiques et qu'on ne rencontre que dans ce territoire du sud-est de Reims.
J'avais peut-être douze ans et fort impressionnée par mon guide, le "père Socrate", mangeur d'amanites et néanmoins vivant.
Depuis , je n'en ai plus guère rencontré, mais cette année, dans un petit bois que nous avons, elle s'étale en nappes. Je la reconnais: c'est ELLE! Son sosie, la panthère est plus haute, plus grêle et livide; elle a mauvaise mine. Et ce n'est pas la cas de la dodue golmotte au teint de la couleur dont Homère parait les doigts de l'Aurore. Mais elle reste une amanite voyez-vous... pourtant... elle est si tentante que j'en remplis un (petit) panier...
A l'aide de mon "bon" livre des champignons, je la détronche avec soin puis, quand même, je vais consulter le pharmacien qui, de toute évidence, s'y connait encore moins que moi. Et son bouquin, pour être plus volumineux que le mien ne nous en apprend pas plus. Il la reconnait pourtant. Oui, c'est bien une rubescens (admirez: on a perdu le TE et maintenant on latinise). Mais son code de déontologie lui recommande de me déconseiller d'en garnir une omelette, ni même d'en parfumer une sauce. Il est toutefois plus honnête qu'un pharmacien lorrain de mon enfance qui, devant chaque récolte qui lui était soumise disait d'un air dégoûté:" Pas bon, ça! pas bon du tout... laissez-les moi, ça vaudra mieux!". Le novice mycologue repartait soulagé; le pharmacien lui, s'en régalait et n'hésitait pas à faire des bocaux du surplus.
Moi j'ai gardé ma récolte et suis allée illico consulter mon frangin; qui lui aussi a reconnu la golmotte, mais m'a remis en mémoire la règle d'or familiale concernant le doute mycologique: on n'en mange d'un champignon mal connu qu'en compagnie d'un tiers expérimenté qui partage notre brouet. Raison pour laquelle nous n'avons plus cueilli et encore moins mangé de golmotte depuis le temps de Verzy et du Père Socrate.
Aussi, n'ayant nulle envie d'aller consulter ce monsieur là où il se trouve aujourd'hui j'ai, l'âme en deuil et la conscience pure, versé ma récolte dans la corbeille aux épluchures de ceps, et suis allée la déverser dans le petit bois et se rendra utile en nourrissant biches et chevreuils et en ensemençant le terrain pour l'année prochaine